“J’imaginais un réseau d’entraide qui permette d’agir sans conséquence, ni jugement. Juste pouvoir aider, réagir, être là pour l’autre.” Quelques années plus tard, le réseau fondé par Priscillia réunit près de 300 femmes actives dans un rayon de 20 kilomètres autour de Londres.
Dans une ville où les dangers sont nombreux et où la sécurité des femmes reste fragile, Priscillia est fière de pouvoir compter, en plus des chiffres déjà mentionnés, plus de 250 membres actives dans le centre de la capitale britannique. Au départ, en 2019, elle n’en menait pas si large : “J’étais en plein burn-out. J’ai repensé à ce que j’avais vécu : une sensation d’abandon dans l’espace public. C’est de là qu’est né The Sorority.”

The Sorority, cap vers le reste du Royaume-Uni !
Aujourd’hui, The Sorority résonne bien au-delà de son réseau : on en parle dans les médias, mais aussi jusque dans les ministères du monde entier.
Pour les non-initiés, l’application mobile The Sorority fonctionne grâce à un bouton d’alerte. En cas de situation de harcèlement ou de danger immédiat, l’utilisatrice peut prévenir instantanément les membres proches, qui reçoivent la localisation et peuvent décider d’intervenir, de rassurer ou de signaler, si besoin. En moyenne, une alerte reçoit une réponse en moins d’une minute. Depuis quelque temps, l’application est également présente à Manchester avec une dizaine de membres et à Liverpool, où le nombre d’utilisateurs ne cesse de grandir. Une implantation pour l’instant discrète mais réelle, qui permet d’activer une chaîne d’entraide en quelques secondes.
En 2024, plus de 7 300 alertes ont été lancées dans le monde, dont plus d’un quart dans le cadre d’exercices mensuels simulant une situation de danger, comme un entraînement incendie. Ces simulations permettent aux membres d’adopter les bons réflexes et de renforcer la réactivité du réseau.“Nous nous entraînons une fois par mois, un dimanche. C’est symbolique, mais très concret. Nous testons nos réflexes, notre capacité à réagir. On ne laisse jamais une alerte sans réponse, jamais”, souligne la fondatrice.
Le Royaume-Uni, une place particulière dans le coeur de Priscillia
Le Royaume-Uni occupe une place particulière dans l’histoire de The Sorority. C’est à Londres, que la fondatrice a présenté pour la première fois son projet à l’étranger, avec le soutien de figures engagées comme Sophie Pechoux et Florence Chabert d’Hières, qu’elle remercie pour leur confiance : “Le Royaume-Uni est symbolique pour moi. Il s'agit du tout premier endroit où je me suis déplacée pour pitcher le projet. À l’époque nous étions une vingtaine, aujourd’hui, nous sommes plus de 300. D’ailleurs, mon mari y a passé pas mal de temps, et ce n’est pas si loin de la France… Il y a une histoire particulière ici”
SAVE YOU, la plateforme au 3.300 téléchargements outre-Manche
En parallèle, le dispositif SAVE YOU, plateforme gratuite d’écoute et de soutien aux familles françaises vivant à l’étranger et victimes de violences conjugales ou intrafamiliales, connaît lui aussi une ascension fulgurante en Grande-Bretagne : “En 2024, le Royaume-Uni fait partie des dix pays ayant adressé le plus de demandes d’aide via la plateforme, au même niveau que les États-Unis, l’Algérie ou l’Allemagne,” soutient la créatrice du projet.
Ainsi, chaque semaine, environ 15 prises de contact sont enregistrées via le formulaire d’écoute, certaines étant directement orientées par les consulats français, notamment celui de Londres. “En 2024, la plateforme a accompagné 154 familles, une augmentation de +25 % par rapport à l’année précédente” relève Priscillia. D’ailleurs, le Royaume-Uni enregistre également une dynamique croissante avec plus de 3 300 téléchargements de l’application depuis 2020, malgré les critères de sécurité stricts imposés à la vérification des profils (pièce d’identité, selfie, validation manuelle). C’est évidemment une goutte d’eau dans les 870.000 téléchargements mondiaux, mais cela montre une réalité : la violence est partout, notamment outre-Manche.
Pour ce qui est de la suite, Priscillia va continuer de s’étendre et le Royaume-Uni est bel et bien dans son viseur : “On va là où les gens sont prêts à nous accueillir, là où la communauté est assez mature pour fonctionner. Le Royaume-Uni fait partie de ces endroits”, affirme-t-elle. “Notre mission, c’est que personne ne se sente seule. Même à des milliers de kilomètres.”